On parle d’André Laurent sur Brefonline.com

Jérôme Burlat News

BREF RHONE-ALPES
20 janvier 2010
N° 1978

Les batailles d’’un industriel de la mécanique
Par Vincent Charbonnier

 

Pour Jean-Jacques Laurent, l’’avenir de l’industrie n’est pas qu’’un thème
de réflexion pour Etats généraux. C’’est le quotidien de son entreprise de
boulonnerie spéciale qui fabrique en particulier des axes de liaison et des
vis de bielle. Une entreprise ligérienne qui a plutôt bien résisté à la crise en
2009. Son chiffre d’affaires n’’a reculé “que” de 15 % sur le dernier exercice,
son résultat est resté légèrement positif. Mais “2010 sera plus dure”,
prévient le patron, au moins jusqu’’en avril-mai.

Opposé au crédit d’’impôt recherche mais favorable à l’’instauration d’’un
crédit d’’impôt exportation, le chef d’’entreprise stéphanois met en oeuvre
une politique de “double source”. Les produits de qualité sont réservés à
son usine de La Ricamarie, le low cost à ses filiales chinoise, marocaine et
bientôt turque. Après avoir créé une joint-venture au Maroc – une
entreprise d’’estampage qui lui permet de rester compétitif sur certains
marchés – Jean-Jacques Laurent va en effet racheter la moitié du capital de
son fournisseur turc, fragilisé par le recul de l’’industrie automobile en
Europe. Mais avec ses trois têtes de pont à l’’étranger, délocaliser ne signifie
pas se désengager du territoire français, pense le pdg d’André Laurent.

Présent depuis cinq ans à Shanghai pour ses approvisionnements, sa filiale
chinoise y a, en retour, capté 1 million d’’euros de chiffre d’affaires en neuf
mois pour ses ateliers de La Ricamarie. Au Maroc, des négociations sont en
cours avec Renault pour fournir des pièces pour sa nouvelle usine de
Tanger. Sans elle, ce retour dans l’automobile n’’aurait pas été possible pour
l’’entreprise stéphanoise qui se retrouve avec une cellule automatisée au
ralenti après le revirement d’un client parti s’’approvisionner ailleurs.

En centrant ses activités sur des marchés technologiques (nucléaire,
aéronautique, ferroviaire, moteurs de compétition, turbines pour moteurs
marins) qui représentent 60 % de son chiffre d’affaires, André Laurent s’’est
assuré un avenir consolidé par l’’homologation spécifique à l’’aéronautique
EN 9100, obtenue récemment. Membre du Partenariat France Chine
Électricité, aux côtés d’EDF et d’’Areva, elle peut aussi compter sur des
débouchés à l’export dans le nucléaire et plus généralement l’’énergie.

Ce type de réseau a la faveur de Jean-Jacques Laurent, plus circonspect par
rapport aux pôles de compétitivité comme ViaMéca, auquel il adhère mais
où “les grands groupes font la pluie et le beau temps. « Ces pôles ne sont pas
adaptés à des PME comme les nôtres »”, estime-t-il, préférant agir
dorénavant pour la constitution de grappes, plus réactives, orientées
business et pouvant répondre à des appels d’’offres comme ceux réservés
aux PME/TPE par le projet ITER par exemple. Un tel réseau pourrait être
susceptible de mutualiser des moyens pour ouvrir une agence commerciale
commune aux Etats-Unis, autre projet que souhaite mettre en oeuvre le
patron stéphanois.